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2008.09.24

Viviane Reding met les pieds dans le PAF

L'heure du grand marché unique des droits audiovisuels a-t-elle sonné ?

Le Commissaire Européen Viviane Reding prône ni plus ni moins l'instauration de droits uniques pour l'ensemble de l'Union Européenne. L'acquéreur obtiendrait d'un seul coup l'accès aux 27 pays pour des contenus comme les films ou les événements sportifs.

C'est sensé stimuler la concurrence ou renforcer les gros poissons ?

On imagine déjà les nouveaux entrants se frotter les mains : un émir ou un oligarque peut totalement fausser le marché en triplant la mise. Ou un fonds souverain asiatique raffler les droits sur les Jeux Olympiques et la Coupe du Monde en obtenant quelques concessions éditoriales (suivez mon regard Dix secondes ...).

On imagine déjà les opérateurs historiques monter un cartel pour assurer leurs arrières. Ou un pool national se monter pour éviter que le bébé échappe au premier marché continental... Non merci, j'ai vu ce que cela pouvait donner en Corée du Sud.

Reding met les pieds dans le plat, mais le vrai message est avant tout celui-ci : vos petites pratiques ne vont pas éternellement rester sans supervision, surtout en cette période d'explosions en série de bulles spéculatives et de spoliation massive du grand public. J'agite le spectre du grand soir pour obtenir des concessions de votre part. Je sais que vous allez monter au créneau sur l'exception culturelle et que la France ne sera pas la moins loquace à ce titre, mais quelque part, la récré est finie si vous n'acceptez pas la présence d'un pion, vous risquez de vous voir confisquer le ballon.

2008.08.09

Place aux spores

La cérémonie d’ouverture des JO de Beijing 2008 résume parfaitement la situation :

- la Chine est un immense pays riche d'une immense histoire et d'une immense culture

- l'avenir lui appartient, mais elle s'autorise déjà toutes les audaces d'un pays à la pointe de l'innovation technologique

- "One World, One Dream" en vérité : le monde est un, mais c'est la Chine qui conduit l’unité, et elle rassemble toute la région sous sa bannière. Les hommages appuyés à Taiwan et au Tibet marquent surtout leur retour symbolique au bercail.

- si vous acceptez le confort de cette splendide ombrelle vous serez couverts d'or... mais ne vous amusez pas à renier le grand frère : l’Armée Chinoise contrôle. Les athlètes lui confient symboliquement le drapeau olympique, et ce sont les militaires qui d’un pas de l’oie quasi comique s’en vont lever les couleurs sous le regard à peine embarrassé de Jacques Rogge.

La Chine pervasive est prête. Place aux spores.

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Initialement publié sur blogules.

2008.07.27

Chambre avec vue

Villareal à Barcelone, l'Uruguay à Busan, et maintenant le Nigéria à Namhae... il devient difficile de descendre à l'hôtel sans tomber sur une équipe de foot*.

Une chose change : je ne rajeunis pas. Il fut un temps où des fans peu physionomistes me demandaient un autographe en croyant avoir affaire à un joueur, mais la probabilité diminue à mesure que ma silhouette s'épaissit. Et pour être totalement franc, l'autre jour, pas un seul Coréen ne m'a pris pour un joueur nigérian. 

J'ai naturellement souhaité à ces authentiques athlètes un succès comparable à celui de 1996 aux prochains Jeux Olympiques de Beijing**, mais je leur ai surtout sincèrement souhaité que 2010 soit leur vraie année : la question n'est pas de savoir si mais quand le Nigéria sera champion du monde, et cette équipe me semble la mieux placée pour effacer des tablettes le Cameroun 1990 et le Sénégal 2002 comme meilleur performer africain en phases finales dès la prochaine édition. Pour ce continent comme pour ce sport, il est essentiel qu'au moins une nation africaine parvienne en demi-finales.

Cela dit, la meilleure équipe ne l'emporte pas toujours en Coupe du Monde : la Hongrie eût été sacrée en 1954, les Pays-Bas en 1978, et peut-être bien (excusez-moi du sacrilège en cette période d'anniversaire) ces mêmes Pays-Bas vingt ans plus tard. Mais c'est toujours le meilleur groupe qui triomphe. Or si ces Super Eagles là m'ont paru bien dans leurs baskets et détendus, je ne les ai pas toujours senti tous ensemble, ni franchement à l'écoute de leur coach.

A la limite, un nouvel échec cet été pourrait leur être plus utile qu'une victoire dans la perspective 2010. Cette mauvaise passe ne saurait décemment persister.

Quant à la mienne, j'ai bien peur qu'elle soit sans espoir de sortie.

 

* n'en déduisez pas pour autant que je fréquente des hôtels de passes
** leurs adversaires au premier tour (groupe B) : les Pays-Bas le 7 puis le Japon le 10/08 à Tianjin, les USA à Beijing le 13.

2008.07.10

Dix secondes

Le Département Central de la Propagande a décidé de diffuser les Jeux Olympiques à Beijing avec dix secondes de décalage pour l'audience nationale*. Le temps d'éditer ce qui pourra l'être et de zapper les scènes délicates qui ne manqueront pas de survenir pendant la quinzaine de toutes les tensions.

Le diffuseur officiel, la CCTV (China Central TV), justifiera plus que jamais ses initiales : en Anglais, CCTV ou "Closed Circuit TeleVision" est le nom donné aux caméras de surveillance, qui fonctionnent en circuit fermé.

Sur les terrains de sport, dans les tribunes, sur les podiums, en salles d'interviews... la moindre allusion aux droits de l'homme, au Tibet, aux Ouïgours**, au révisionnisme historique et culturel imposé aux voisins de l'Empire du Milieu... sera impitoyablement traqué.

A la limite, le comité d'organisation, le BOCOG, préfèrerait peut-être une bonne vieille attaque terroriste façon Munich '72 à un couac médiatique retentissant flanquant par terre des années de succès de la propagande. La pitié accordée aux victimes à l'opprobe jetée sur les coupables.

Dix secondes, ce n'est pas grand chose, mais c'est beaucoup plus qu'il n'en faudra aux bombes de muscles jamaicaines et américaines pour plier la finale du 100 mètres.

Le véritable exploit reposera donc sur les épaules des censeurs et des virtuoses du ciseau à la régie officielle : eux non plus n'auront aucun droit à l'erreur pendant ces dix secondes. La différence ? Il n'auront aucune médaille à gagner et beaucoup plus à perdre en cas d'échec.

 

* cf "China to delay 'live' Olympic broadcast by 10 seconds" (Chosun Ilbo 20080710)

** cf "Tibet, Ouïgours... l'Empire éclaté ?"(20080403)

2008.05.18

Oscar Pistorius hors jeu

Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) vient d'offrir au Sud-Africain Oscar Pistorius le droit de participer aux Jeux de Beijing.

Oscar Pistorius a déjà remporté la médaille d'or du 200 m en 2004. Aux Jeux Paralympiques.

Amputé des deux jambes, Oscar vole sur deux spatules qui démultiplient les efforts de ses jambes de façon beaucoup plus efficace que de vulgaires membres humains.

On ne peut s'empêcher de penser aux récentes campagnes de Puma avec les stars du ballon rond affublés de jambes bioniques, ou pour les plus anciens d'entre nous au mémorable "Hors Jeu" d'Enki Bilal et Raoul Cauvin (Editions Casterman), et à ces machines à balancer des boulets de canon qui explosaient au pied du fooballeur.

Oscar Pistorius pourra aussi se présenter aux épreuves de basket chaussé d'échasses à ressort, ou aux finales de natation avec sa queue de sirène modèle Manaudou2008. Avec ou sans combi, pour ce que ça changera...

Décidément, avec ou sans prothèses, l'olympisme marche sur la tête. 

2008.04.06

Pour un monde meilleur

"Pour un monde meilleur".

Voilà le message coup-de-poing qu'arboreront les athlètes français pour exprimer courageusement leur trouille de passer pour des lâches en participant sans rien dire aux JO de Beijing.

On est loin des bandeaux réclamant la démocratie affichés par Sócrates Brasileiro Sampaio de Souza Vieira de Oliveira au tournant des années 80.

"Pour un monde meilleur".

Cela fait partie de l'idéal olympique, mais aussi de l'idéal de toutes les dictatures utopiques de l'histoire. C'est avec ce type de slogans que des dizaines de millions d'humains ont été rayés de la carte au siècle dernier.

"Pour un monde meilleur".

Remarquez, c'est toujours mieux que l'abjecte banderole déroulée par des extrémistes pendant la dernière finale de la Coupe de la Ligue. Pour exprimer courageusement leur trouille de passer pour des lâches en introduisant en douce le corps du délit puis se cachant derrière des foulards au moment de diffuser leur message de haîne.

"Pour un monde meilleur".

Pour une fois, c'est l'ex-ayatollah des transports parisiens, Denis Beaupin, qui résume le mieux la situation devant l'arsenal déployé pour protéger le porteur de la flamme olympique dans les rues de Paris ce lundi (une trentaine de voitures devant, une trentaine de cars de CRS derrière, quelques milliers de policiers autour et sans doute trois Rafale au-dessus et quatre porte-avions dans la Seine au cas où) : on nous a dit que les Jeux allaient apporter la démocratie dans un état policier, voilà qu'ils apportent l'état policier dans nos démocraties.

2007.02.28

Brésil 2014 - Chine 2018 - Blatter 2007

La FIFA a beau avoir l'habitude de se faire griller la polit(iqu)esse par le CIO, pas question de laisser trainer trop de temps entre les premiers JO à Beijing (2008) et la première Coupe du Monde en Chine.

Le débarquement du barnum footballistique en Asie ne remonte qu'à 2002 et l'Afrique (du Sud) est déjà programmée pour l'édition 2010. Quant à 2014, Sepp Blatter peut difficilement continuer à snober l'AmSud / CONMEBOL, shuntée par l'épreuve reine depuis la rupture du courant alternatif avec l'Europe en 1978*.

Le Brésil, barré du temps de Joao Havelange, fait figure de favori : la terre du futebol patiente depuis plus d'un demi siècle, tuant le temps en glanant quelques couronnes partout où se produit la caravane quadriennale (Europe en 1958, Amérique du Sud en 1970, Amérique Centrale en 1970, Amérique du Nord en 1994 et Asie en 2002), et sauf gros couac, les auriverdes tiennent leur ticket pour 2014.

L'unique concurrent à date, l'Australie, ne devrait guère poser de problème :

  • Elle ne peut pas avoir et le beurre, et l'argent du beurre et la crémière : le pays ne représente plus l'Océanie et l'OFC mais bien la confédération asiatique (AFC), rejointe justement pour faciliter ses qualifications en phases finales. Or douze ans après la Corée et le Japon ça ferait un peu tôt pour l'Asie... et surtout un peu tard pour l'Empire du Milieu, principale cible marketing de la FIFA
  • la masse des téléphages footeux du globe se trouverait sur le mauvais créneau horaire - à moins de faire jouer les matchs au milieu de la nuit, audience désastreuse garantie
  • avec toute la sympathie que j'ai pour les socceroos, une telle promotion du beautiful game dans ce vaste désert dédié au rugueuxdeby relèverait franchement du caritatif
  • même si Ruppert Murdoch cassait sa tirelire, à qui profiterait le crime sur le plan sonnant et trébuchant ? quitte à choisir un autre concurrent de la Chine dans l'AFC, le Moyen Orient offrirait des perspectives bien plus sonnantes et trébuchantes (avec même un croc en jambes définitif pour les juges de ligne de sexe non masculin).

2014 déjà plié, Blatter décide de lancer une pique à l'Europe pour 2018 : pourquoi le vieux continent échapperait-il aux nouvelles lois de l'alternance ? Pourquoi ne serait-ce pas au tour de la CONCACAF ou de l'AFC ? Et pourquoi ne pas réélire, au prochain congrès, le petit suisse qui a le premier offert la Coupe du Monde à l'Asie et à l'Afrique ?

Voilà Michel Platini sommé de voler au secours de l'Angleterre, représentante éminente de l'UEFA d'en haut mais candidate déclarée à l'organisation de la Coupe du Monde 2018. En décidant de jouer du violon auprès des parents pauvres de son ONU du football pour sa réélection de fin d'année, son mentor le soumet à un crash test pour vieux briscard de la politique dont il se serait bien passé...

 

* Eh oui, rien à se mettre sous la dent depuis le tango des généraux argentins ! La Colombie avait pourtant obtenu l'organisation de la Coupe du Monde 1986, mais pour jeter l'éponge en 1983. Le Mexique avait alors récupéré le bébé et avec lui la CONCACAF, organisatrice de la livrée 1994 (pour rappel, un habile coup de pouce au soccer US et à ses mécènes - cf histoire de la MLS et du football aux States).