2008.07.27
Chambre avec vue
Villareal à Barcelone, l'Uruguay à Busan, et maintenant le Nigéria à Namhae... il devient difficile de descendre à l'hôtel sans tomber sur une équipe de foot*.
Une chose change : je ne rajeunis pas. Il fut un temps où des fans peu physionomistes me demandaient un autographe en croyant avoir affaire à un joueur, mais la probabilité diminue à mesure que ma silhouette s'épaissit. Et pour être totalement franc, l'autre jour, pas un seul Coréen ne m'a pris pour un joueur nigérian.
J'ai naturellement souhaité à ces authentiques athlètes un succès comparable à celui de 1996 aux prochains Jeux Olympiques de Beijing**, mais je leur ai surtout sincèrement souhaité que 2010 soit leur vraie année : la question n'est pas de savoir si mais quand le Nigéria sera champion du monde, et cette équipe me semble la mieux placée pour effacer des tablettes le Cameroun 1990 et le Sénégal 2002 comme meilleur performer africain en phases finales dès la prochaine édition. Pour ce continent comme pour ce sport, il est essentiel qu'au moins une nation africaine parvienne en demi-finales.
Cela dit, la meilleure équipe ne l'emporte pas toujours en Coupe du Monde : la Hongrie eût été sacrée en 1954, les Pays-Bas en 1978, et peut-être bien (excusez-moi du sacrilège en cette période d'anniversaire) ces mêmes Pays-Bas vingt ans plus tard. Mais c'est toujours le meilleur groupe qui triomphe. Or si ces Super Eagles là m'ont paru bien dans leurs baskets et détendus, je ne les ai pas toujours senti tous ensemble, ni franchement à l'écoute de leur coach.
A la limite, un nouvel échec cet été pourrait leur être plus utile qu'une victoire dans la perspective 2010. Cette mauvaise passe ne saurait décemment persister.
Quant à la mienne, j'ai bien peur qu'elle soit sans espoir de sortie.
* n'en déduisez pas pour autant que je fréquente des hôtels de passes
** leurs adversaires au premier tour (groupe B) : les Pays-Bas le 7 puis le Japon le 10/08 à Tianjin, les USA à Beijing le 13.
14:50 Publié dans Coupe du Monde 2010 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Nigéria, JO, cm2010, Corée, Chine
2008.07.10
Dix secondes
Le Département Central de la Propagande a décidé de diffuser les Jeux Olympiques à Beijing avec dix secondes de décalage pour l'audience nationale*. Le temps d'éditer ce qui pourra l'être et de zapper les scènes délicates qui ne manqueront pas de survenir pendant la quinzaine de toutes les tensions.
Le diffuseur officiel, la CCTV (China Central TV), justifiera plus que jamais ses initiales : en Anglais, CCTV ou "Closed Circuit TeleVision" est le nom donné aux caméras de surveillance, qui fonctionnent en circuit fermé.
Sur les terrains de sport, dans les tribunes, sur les podiums, en salles d'interviews... la moindre allusion aux droits de l'homme, au Tibet, aux Ouïgours**, au révisionnisme historique et culturel imposé aux voisins de l'Empire du Milieu... sera impitoyablement traqué.
A la limite, le comité d'organisation, le BOCOG, préfèrerait peut-être une bonne vieille attaque terroriste façon Munich '72 à un couac médiatique retentissant flanquant par terre des années de succès de la propagande. La pitié accordée aux victimes à l'opprobe jetée sur les coupables.
Dix secondes, ce n'est pas grand chose, mais c'est beaucoup plus qu'il n'en faudra aux bombes de muscles jamaicaines et américaines pour plier la finale du 100 mètres.
Le véritable exploit reposera donc sur les épaules des censeurs et des virtuoses du ciseau à la régie officielle : eux non plus n'auront aucun droit à l'erreur pendant ces dix secondes. La différence ? Il n'auront aucune médaille à gagner et beaucoup plus à perdre en cas d'échec.
* cf "China to delay 'live' Olympic broadcast by 10 seconds" (Chosun Ilbo 20080710)
** cf "Tibet, Ouïgours... l'Empire éclaté ?"(20080403)
03:55 Publié dans Marketing sportif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : JO, Chine, media, politique
2008.07.02
Sans commentaire
Le commentaire sportif tourne en rond.
Le ton et l’emphase dépendent bien sûr de chacun, mais il existe un "accent" du commentateur sportif, une façon de porter la voix, de traîner sur certaines parties de la phrase, que le téléspectateur reconnait aussitôt. Sans savoir de quoi il est question, il sait que c’est du sport. Et les expressions consacrées, les clichés contribuent à planter le décor, à mettre dans l’ambiance sans déstabiliser un client que l’on souhaite bien confortablement calé sur son sofa, en mode optimal de réception des messages qui comptent vraiment (la pub).
Les petits nouveaux débarquant sur l’antenne rentrent presque toujours dans ce moule horripilant, que l’on peut comparer à celui des présentateurs de JT (battements de cils en moins au lancement des sujets, puisque le visage du commentateur sportif n’apparaît qu’au début et à la fin de la retransmission).
Les diffuseurs veulent de l’enthousiasme, une ambiance café du commerce relevée par la présence d’experts / consultants qui bien souvent s'abaissent rapidement au niveau de leur compère journaliste. L’école de la radio (un media ou l’emphase est de bon ton) a fourni des prototypes assez spectaculaires comme Gilardi ou Saccomano, et l’accadémie Canal + a un peu changé les habitudes avec des journalistes plus "spécialistes" et "experts", le consultant endossant parfois le costume d’Auguste, le clown joyeux (ie Rouyer).
Les Français parlent beaucoup en regardant un match à la télé et ils "entrent" plus facilement dans le match quand ils ont l’impression d’être dans la cabine avec des "pros" relativement accessibles.
Mais à tout prendre, je préfère la fraîcheur de "La Rouille" à l'inanité de la masse des sclérosés du micro.
Et la franchise de Christophe Dugarry à la PC attitude de Vieira au moment de livrer leur opinion sur Domenech.
06:50 Publié dans Marketing sportif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : media, tv, Canal Plus, radio, Olivier Rouyer, Christophe Dugarry, Patrick Vieira