2008.02.25
Les Bleus, quelques zéros après la swoosh
Nike a donc détrôné Adidas pour 42.6 millions d'euros, dans une offensive digne de sa conquête du maillot auriverde en 1995.
La Swoosh joue le blitz en focalisant ses efforts sur l'équipe nationale là où les frère Dassler menaient un football total en saupoudrant les marchés au plus près du terrain, faisant des anciens joueurs des VRP aussi porteurs en image que les consultants d'une célèbre chaîne cryptée concernée par un autre appel d'offres récent du foot français. Ce qui n'empêchait pas de se faire respecter, comme dans la rocambolesque histoire des chaussures peintes (déjà trente ans).
La marque aux trois bandes conserve néanmoins son marché historique, l'Allemagne ayant préféré soutenir le fabricant local à 20 millions malgré une offre de 62.5 millions de l'ogre de l'Oregon.
Espérons que les Bleus n'auront pas à assurer des tournées comme celles imposées aux Brésiliens par leur sponsor - à l'époque, Nike forçait les mineurs aux heures sups pour fabriquer les ballons comme pour les faire rouler sur les pelouses du monde entier. A l'époque, Ronaldo n'était pas encore grillé.
Le maillot bleu mérite-t-il d'être le plus cher au monde ? Là n'est pas la question et Nike n'avait guère le choix : Umbro verrouille l'Angleterre, Adidas l'Allemagne, et l'équipe nationale n'a pas le même poids en France qu'en Italie ou en Espagne. Sponsoriser un club ou des stars ne suffit pas. Lyon écrase trop son sujet et seule l'équipe nationale fédère dans la durée les fans de foot français. Pour les joueurs aussi, l'exercice imposé par un secteur ultraconcurrentiel s'avère trop segmentant et hautement aléatoire : les joueurs sont soumis à des cadences infernales, blessés et susceptibles de changer de sponsor comme de chemise (à condition qu'il ne s'agisse pas de leur chère console de jeu)...
Alors évidemment, les défenseurs de l'esprit du jeu noteront que Nike ne brille pas vraiment auprès du foot amateur. Mais la manne profitera à l'ensemble de la Fédération... et après tout, c'est aussi le sponsor du PSG.
12:35 Publié dans Marketing sportif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Nike, Adidas, France, Allemagne, Ronaldo, marketing, FFF
2008.02.22
Ronaldo à genoux
Suite à diverses discussions sur la nième blessure de Ronaldo - probablement sa dernière de joueur professionnel au plus haut niveau, je livre ici ma compréhension des événements, avec toute l'expertise d'un téléspectateur chaussé de charentaises crampons 5 degrés qui tâche.
Je pense qu'à la base Ronaldo a un problème chronique aux genoux, et que le dopage et une hygiène de vie déplorable l'ont durablement handicapé.
Ronaldo a surtout changé en Italie. Comme Zidane, dont la morphologie s'était spectaculairement épaissie lors de son passage à la Juve, Ronaldo est devenu moins aérien à l'Inter.
On peut s'étonner que le Barça ait laissé filer le plus grand surdoué depuis Pelé après une seule saison. A mon avis, les médecins du club ont compris qu'il y avait un risque et les dirigeants ont préféré faire une belle culbute financière avec l'Inter. Massimo Morati, le propriétaire milliardaire, savait sans doute ce à quoi il s'exposait, et il a fait miroiter au joueur une survie au plus haut niveau moyennant quelques entorses... à la morale sportive. Ceci pourrait expliquer leurs relations orageuses.
Sans ces artifices, Ronaldo n'allait peut-être pas avoir une carrière aussi longue. Mais son talent est tel qu'il aura arraché un second Ballon d'Or presque sur une jambe.
Si son jeu m'a enchanté, son cas me désole.
06:06 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Ronaldo, Barcelone, Inter Milan, Massimo Morati, Zinedine Zidane, dopage, Pelé
2008.02.19
Le Kosovo plus fort que le Brésil
C'est fait : le Kosovo est indépendant.
Et le Brésil peut trembler : comme son drapeau l'indique, ce nouvel état vise les 6 victoires en Coupe du Monde.
Vous me direz : à ce petit jeu, les Etats-Unis auraient déjà remporté une cinquantaine de trophée au soccer... mais le futchebol kosovar n'a rien de ridicule.
A part peut-être le site de la FFK (http://www.ffk-kosova.com), qui m'accueille aujourd'hui avec le message "Faqja është përkohësisht offline", ce qui d'après mes rudiments d'Albanais veut dire "blablabla offline" ou "revenez plus tard le serveur est Ankarafe".
La FFK n'est pas encore affiliée UEFA ni FIFA mais cela ne saurait tarder. De belles fractures du poignet en perspective pour notre Michel Platini national à l'occasion des tirages au sort de Coupes d'Europe : du temps de son mentor Jacques Georges le bocal à poisson rouges suffisait amplement pour accueillir les bouboules mais maintenant, c'est un aquarium à Moutiers qu'il faudrait ! Pour peu que Poutine baisse la garde on aura bientôt droit à des premiers tours du feu de Dieu (mais pitié sans dérapages interreligieux) entre Pristina et Kurta (Ossétie du Sud).
Ceci dit, je n'ai pas l'intention de me moquer du foot kosovar. Quand on voit ce que l'équipe de france doit à une célèbre dynastie albanaise...
Et puis allez rire en face d'un grand gaillard comme Lorik Cana, enfant de la Capitale (pas Paris, l'autre) : son père a brillé au KF Pristina et peut-être voudra-t-il porter les nouvelles couleurs nationales.
Quitte à jouer sans espoir de gagner la Coupe du Monde, autant le faire avec un maillot fièrement floqué de 6 étoiles sur le coeur.
12:40 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Kosovo, Lorik Cana, Youri Djorkaeff, UEFA, Michel Platini, Jean-Michel Moutier, Albanie
2008.02.10
WPS - c'est comme si c'était fait
Le foot féminin pro est de retour aux States, avec un "assist" inattendu de Steve Nash, le passeur fou des Phoenix Suns.
La fin de l'hibernation
Fondée par 20 membres de la plus belle équipe américaine de tous les temps (avec à leur tête Michelle Akers et Mia Hamm) et renforcée par les plus grandes joueuses du moment dont la Française Marinette Pichon (à Philadelphie), la plus ambitieuse ligue pro féminine de l'histoire aura vécu entre deux coupes du monde trois saisons de rêve.
Mais ce succès sportif a eu un coût : la Women's United Soccer Association (WUSA) a disparu en 2003 après avoir perdu 100 millions de dollars. Les stars ont pris leur retraîte, sont retournées dans leur pays, ont participé à des match exhibition ou rejoint les ligues amateurs nord-américaines, mais toutes en conservant l'espoir d'une résurrection de la ligue (cf histoire du foot féminin aux USA).
Dès la faillite de la WUSA, une WSII (Women’s Soccer Initiative, Inc.) a été fondée dans cette perspective. Et en 2006, 6 équipes s'étaient déjà engagées pour une nouvelle ligue, montant en 2007 un véhicule ad hoc, la Women's Soccer, LLC. Le mois dernier, la future Women's Professional Soccer (WPS) a été annoncée avec un coup d'envoi à l'horizon avril 2009.
La WPS comptera 8 franchises dont 7 déjà pourvues, et elle compte bien retenir les leçons de l'échec de sa devancière, à l'instar de sa collègue masculine MLS avec la NASL de Pelé, Beckenbauer & Co (cf histoire du foot pro aux US).
Les facteurs clef du succès
- un casting de pros : après l'utopie WUSA et la quasi-autogestion par la génération en or de l'équipe nationale, place aux experts du sport-business et du business tout court. Outre l'entrée en force des investisseurs de la MLS, signalons l'arrivée de l'ancien PDG de Yahoo! Jeff Mallett. Cet ancien joueur de l'équipe nationale canadienne rejoint une ex-collègue de Yahoo! : après avoir participé à la fondation de la WSII, Tonya Antonucci assume aujourd'hui le poste de Commissaire de la WPS. A signaler également ce parrain prestigieux : Steve Nash, le MVP de la NBA des Phoenix Suns, investit lui aussi dans la nouvelle ligue. Se voit-il déjà à la tête d'une future franchise en Arizona ? Son père a joué en pro en Angleterre et en Afrique du Sud, et il est proche de Mallett : tous deux sont nés à Victoria, BC et cherchent depuis un moment à reprendre un club européen, de préférence en Angleterre.
- les synergies avec la MLS : le marketing de la WPS sera assuré par SUM (Soccer United Marketing), la structure de la ligue pro masculine. De nombreux acteurs clef seront présents sur les deux ligues pro, facilitant les synergies et au-delà la visibilité du soccer face aux sports majeurs. AEG, le propriétaire de la nouvelle équipe de Los Angeles, détient également plusieurs franchises MLS dont le LA Galaxy de Beckham. Le président de Saint Louis Soccer United (Jeff Cooper, du cabinet SimmonsCooper) cherche pour sa part à créer une nouvelle franchise MLS au même endroit, et à bâtir une enceinte de 18.500 places et un centre de formation mixte très ambitieux.
- ne pas vouloir tout tout de suite mais bâtir pour durer : c'est ce qui avait tué la NASL et la WUSA, c'est ce qui sauvera la MLS et la WPS. Cette dernière prend le temps de bien faire les choses : retarder le lancement à avril 2009 pour ne pas télescoper avec la coupe du monde de 2007 et les JO de 2008, profiter de la convention des entraîneurs pour optimiser l'effet d'annonce de la ligue en janvier 2008, et avancer prudemment et progressivement.
- capitaliser sur le passé et s'inscrire dans une histoire, même récente : L'équipe Washington Freedom, ultime championne WUSA en 2003 et victorieuse en 2007 dans la ligue amateur W-League, illustre parfaitement la continuité dans le succès. La renaissance du foot à Saint Louis, capitale historique du soccer, s'avère également assez symbolique. Enfin, comme un hommage à l'esprit de la WUSA, le logo de la WPS fait écho à la coiffure de Mia Hamm.
Les 8 équipes (7 à date) :
Des grandes villes, avec une dominante Côte Est, l'axe central Chicago - Saint Louis, et Los Angeles en tête de pont pour une éventuelle ruée vers l'Ouest.
3 équipes ont déjà trouvé leur nom :
. Le Washington Freedom - Fondé en 2001 et basé à Germantown, MD. Propriétaires : Hendricks Investment Holdings LLC, John Hendricks était propriétaire de Freedom Soccer LLC. Stade : Maryland SoccerPlex. En WUSA : le club de la superstar Mia Hamm a été finaliste en 2002 et champion en 2003. Evolue en W-League jusqu'en 2008 - champion en 2007. Site : washingtonfreedom.com )
. Les Boston Breakers - Fondé en 2001 et basé à Boston, MA. Propriétaires : Boston Women's Soccer LLC. Stade : Nickerson Field. En WUSA : premiers de la saison régulière en 2003, demi-finalistes. Site : bostonbreakers.com )
. Les Jersey Sky Blue - Fondé en 2006 et basé à Bedminster, NJ mais représente New York et New Jersey. Propriétaires : Sky Blue Women's Soccer, Inc. Stade : Rangers Stadium de l'université de Drew à confirmer. Site : skybluesoccer.com )
1 équipe a un nom temporaire :
. Chicago Pro Women's Soccer - Fondé en 2007 et basé à Bridgeview, IL. Propriétaires : Chicago Professional Women's Soccer LLC, avec Peter Wilt, un ancien dirigeant des Chicago Fire (MLS). Stade : Toyota Park - partenariat avec l'IWSL (Illinois Women's Soccer League) pour capitaliser sur le potentiel énorme de l'Etat et les 16000 joueuses de l'association. Site : chicagoprowomenssoccer.com)
3 équipes doivent encore trouver un nom et un contenu :
. Dallas (propriétaires : Sting Soccer Group LP, Jack Hanks et Brent Coralli)
. Los Angeles (propriétaires : AEG-LA Women's Soccer LLC)
. Saint Louis (propriétaires : Saint Louis United Soccer LLC - synergies attendues avec future franchise MLS et clubs partenaires de la région pour s'appuyer sur 4000 joueurs et joueuses)
1 place demeure disponible pour compléter la ligue à 8 équipes... avec Nash à sa tête ?
Pour en savoir plus :
- Le site de la WPS : womensprosoccer.com (en Anglais)
- WUSA, W-League, WPSL... l'histoire du foot féminin aux USA : http://footlogarchives.blogspot.com/2008/02/usa-foot-femi...
- Tout sur la MLS et l'histoire du foot pro aux USA : http://footlogarchives.blogspot.com/2008/02/mls.html
04:20 Publié dans Foot féminin, Marketing sportif | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wps, foot féminin, usa, mls, steve nash, aeg