2007.09.28
France Football a 60 ans
Dominique Rocheteau sur sa moto à la veille du France-Pays Bas décisif pour la qualification à la Coupe du Monde 1982 : "à l'Orange, ça passe ou ça casse". Ce n'est pas mon premier FF ni le plus ancien de ma collection, mais je n'en ai pas loupé un numéro depuis. Au bout de dix ans, il m'a même fallu passer au mode abonné : pas question de louper la Bible du mardi même avec quelques jours de décalage (bonus : à cette époque pré-webienne, un exemplaire de France Football ouvrait bien des portes dans la petite communauté des footeux francophones de Séoul).
Sur ce gros quart de siècle, la Coupe du Monde 1982 demeure toujours un sommet. Si l'Algérie et le Cameroun ne s'étaient pas fait voler au premier tour, on avait probablement droit à une finale plus réjouissante que cet Allemagne-Italie. J'étais trop jeune pour la bande à Pelé mais avouez que ce Brésil 1982 avait du chien. Mettons Valdir Perez (gardien de quoi ?) de côté et observons la bête de près : Leandro, Oscar, Luizinho, Junior en défense, Socrates, Zico, Falção et Cerezo au milieu, et Eder devant pour compenser de sa frappe démente les limites de Serginho. Ajoutez Telê Santana aux manettes et pour la dernière fois à l'écran ce toucher de balle unique, déjà disparu l'édition suivante (avec ses stars vieillissantes, et les seuls missiles de Josimaaaaar en guise de feu d'artifice)... Pas fait mieux depuis.
Même avec l'Euro 84 de qui vous savez, le Dynamo de Loba, le Milan de Sacchi, le Barca de Johan, l'OM de 1989, l'académie de l'ASEC Mimosas de Guillou, et certainement pas avec la bande à Jacquet de 1998 (un groupe admirable mais un jeu sans surprise).
Le foot français est devenu champion et mixte, le foot européen est devenu post-Bosman et post-Heisel, et le foot mondial est devenu business et politique. France Football a dû attendre ses 60 piges et la concurrence du FIFA Player of the Year Award pour rendre son Ballon d'Or mondial. A peine moins pour ouvrir son site web et ressusciter sa Fantasy League (souvenez vous des seventies, où ça se jouait au nombre d'étoiles FF collectées par chaque joueur). L'éphémère France Foot 2 a disparu mais FF livre désormais deux fois par semaine (et quotidiennement sur internet) ses résultats des championnats les plus glamours aux plus obscurs, ses coups de coeur et ses coups de gueule, sa vision du jeu et des joueurs.
Le Ballon d'Or est mondial, et FF lui aussi sait se faire business et politique : FF fait de la pub et du sponsoring TV. FF fait des infidélités à Canal+ et convole avec TF1... FF grandit, mais reste le même. En fait, FF reste le même parce qu'il grandit : changer de dimension était indispensable pour conserver son indépendance.
Exploiter des espaces, créer des décalages, toujours rester en mouvement... telle est l'essence du jeu.
Bon anniversaire et merci.
11:59 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : France Football, media, cm1982, Telê Santana, Brésil, Ballon d'Or
2007.09.24
Mourning Mourinho
Je ne m'inquiète pas pour l'avenir de José Mourinho : Roman Abramovich lui a sans doute signé un joli chèque et de nombreux clubs se pressent déjà au portillon pour trouver un nouveau toît au plus brillant et arrogant entraîneur de ces dernières années.
Je ne m'inquiète pas pour l'avenir de Chelsea : un grand nom viendra prochainement relayer Dracula Avram Grant et l'effectif des Blues n'inspire toujours pas précisément le blues.
Je ne m'inquiète pas pour l'avenir de Laurent Blanc : j'avoue avoir eu des doutes sur sa capacité à mener un gros club et il est évidemment trop tôt pour se prononcer (Bordeaux n'est plus un gros club et une victoire sur le PSG ne fait plus le printemps), mais Le Président a d'ores et déjà fait du chemin depuis sa prise en main des Girondins.
Je ne m'inquiète pas pour l'avenir du PSG. Malgré cette nouvelle défaite à domicile, malgré cette médiocre 13ème place, malgré la faiblesse du banc et la détresse de l'arrière banc. J'ai toujours la foi en ce tandem Cayzac - Le Guen qui durera ce qu'il durera mais fait honneur aux couleurs du club.
Je ne m'inquiète pas pour l'avenir des Bleus. Johan Cruijff a raison d'agiter le spectre de la dillution de l'équipe nationale dans l'Europe post-bosmanienne, mais la nouvelle génération a de la gueule. Elle peut même se permettre une grosse désillusion en loupant le prochain Euro. A condition qu'une pointure style Deschamps prenne les rènes, que Houiller fasse du bon boulot à la DTN, et que Platini parvienne à assainir l'UEFA quitte à passer par la FIFA.
12:05 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : José Mourinho, Chelsea, PSG, Bordeaux, Laurent Blanc, Avram Grant, Roman Abramovich
2007.09.13
Victoire logique pour l'Ecosse
La meilleure équipe a gagné ce mercredi.
L'Ecosse a livré un match remarquable de cohérence et de concentration, avec une qualité exceptionnelle de première passe de relance, une absence de faute dans les zônes sensibles, et bien sûr une lutte de tous les instants sur tous les ballons.
La France ne méritait pas de l'emporter hier. Elle a surtout manqué l'occasion au match aller, face à une équipe d'une faiblesse atterrante et totalement dominée dans tous les compartiments de jeu. Elle n'a pas voulu chercher la victoire samedi dernier. Et hier, elle n'avait pas la composition idéale pour faire la différence dans un match à sa portée.
Ce n'est pourtant ni le talent ni la classe qui manquaient sur le terrain, et les Français avaient sans doute de meilleures individualités et un jeu court plus lêché, mais à l'instar des Portugais lors de la dernière Coupe du Monde, la passe à dix n'aura presque jamais débouché sur un centre, ou alors un centrounet loupé dans le meilleur des cas. Comme Pauleta à l'été 2006, Trézéguet aura multiplié les appels et les décalages sans jamais recevoir le cuir dans de bonnes conditions.
Dommage : les Bleus parvenaient souvent à faire la différence dans la phase préparatoire - généralement par des fusées à tête chercheuse sautant une ligne à ras de terre (une fois seulement par les airs). Et leurs redoublements à la Harlem Globe Trotter dans un mouchoir de poche fonctionnaient souvent, mais pour combien de véritables occasions de but ?
A nouveau peu constant tout au long du match, Ribéry aura bien réalisé quelques belles percées et tenté des centres en retrait, mais généralement sans trouver de partenaire.
A nouveau remarquable dans la protection du ballon et la défense en amont, Anelka aura bien trouvé sa place la plus pertinente en seconde mi-temps, à semer la panique sur le flanc droit de la défense écossaise, mais pour se voir déloger peu de temps après par un Benzema qui méritait plus de temps de jeu.
A nouveau impressionnant dans la récupération, Lassana Diarra aura pour sa part montré ses limites dans une dernière passe qui n'est clairement pas sa spécialité. Pour une splendide ouverture entre les jambes d'un défenseur écossais, combien d'attaques avortées ? Willy Sagnol n'a pas les mêmes qualités, mais son absence sautait aux yeux hier.
Avec Samir Nasri au coeur du dispositif offensif, les uns comme les autres pouvaient se concentrer sur ce qu'ils savent faire. Mais le Marseillais n'est entré que pour un bouquet final trop tardif.
Quoi qu'il en soit, le meilleur acteur du match fut sans conteste le 12e homme écossais : la Tartan Army a marché sur Paris et régné sans partage sur le Parc des Princes.
10:05 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : euro 2008, France, Ecosse, Franck Ribéry, Nicolas Anelka, Lassana Diarra, Samir Nasri
2007.09.09
Fratelli d'Italia
Les Bleus n'ont pas gagné leurs matchs ce week-end. Ils n'ont pas marqué le moindre but ni le même essai. Les Argentins se sont même permis une double victoire inédite foot-rugby au Stade de France la même année.
Chez les manchots, les frères ennemis se sont neutralisés façon XV à Milan : en se rendant tampon sur tampon et en se donnant l'accolade en fin de match. Pas de vainqueur et donc pas de perdant, à part l'Ukraine.
Même Thierry Henry s'y retrouve : qu'il mette à profit sa suspension contre l'Ecosse pour soigner sa forme et relancer Trezegol. Qui a bien planté la dernière fois qu'il était associé à un Anelka décidément de retour au sommet.
Gros match de Lassana Diarra et dans un style différent de Marco Materazzi, à soigner ses relations publiques sur le thème papa modèle ami de la France.
15:35 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rugby, France, Italie, euro 2008, Milan, Argentine, Thierry Henry
2007.09.03
Eto'o l'homme invisible
Eto'o devait produire une saison de feu après sa blessure de l'automne dernier, et voilà que la belle mécanique vient de nouveau de céder pour quelques mois.
Sur le banc des accusés : une inutile tournée à travers l'Asie à assurer la promotion de la marque Barça, un calendrier absurde.
Il n'y a plus de rendez-vous footballistiques hors Coupe du Monde, où le temps s'arrête pour toute la planète foot. Les journées de championnat et de coupes d'europe bavouillent sur une demi-semaine sans compter les matchs reportés... la lecture des calendriers n'a pas plus de sens que leur publication en début de saison.
A force d'être illisible, le foot va devenir invisible.
12:15 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blessures, Samuel Eto'o, calendrier, Barcelone, marketing
2007.09.02
20 ans après
J'avais suivi avec intérêt la première Coupe du Monde de Rugby en 1987, vibrant au petit matin aux coups de génie de Blanco et Sella et sacrifiant même un oral hyper important à regarder une finale perdue d'avance dans un stade champêtre zébré par les mouettes (heureusement l'examinateur avait lui aussi les valises sous les yeux et le regard hagard du vaincu).
Je me souviens de ces discussions avec des amis rugueudeubeux totalement désintéressés par l'événement avant qu'il ne commence : ne comprenez-vous pas que cela va devenir la principale compétition, que votre sport ne sera plus jamais le même ? que le Tournoi des 5 Nations est mort, voué à n'être qu'un galop d'entraînement de prestige à côté des compétitions européennes et mondiales qui se dessinent ?
Le rugby est devenu professionnel, et ses joueurs pros ont désormais cette profondeur d'analyse que l'on croyait réservée à leurs collègues manchots - ce ne sont plus des étudiants et des hommes pratiquant pour le plaisir, mais des machines à gagner diététisées, bodybuildées et - dans l'hémisphère sud au moins - créatinées. Les transferts ne se concluent plus autour d'une bonne table mais dans les cabinets d'avocats. Les plus belles affiches interclubs opposent le Stade Français au Stade Toulousain ou au Biarritz Olympique.
C'était il y a vingt ans. Le plus grand joueur français de tous les temps venait de partir en retraîte, Jean-Michel Aulas de prendre les rênes de l'OL en D2, et Bernard Zénier de battre le record d'après-guerre du plus petit nombre de buts pour un pichichi. Un prometteur milieu offensif nommé Laurent Blanc marquait autant de buts dans la saison (18), mais pour terminer 3e meilleur buteur de D2.
En vingt ans, le rugby a changé d'ère, et le foot français a accroché une belle étoile à son maillot. Tout reste cependant à construire.
11:48 Publié dans Divers délires futchebol | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rugby, France, Jean-Michel Aulas, OL, Bernard Zénier, Michel Platini, Stade Français